La première réaction d’une Néerlandaise après avoir découvert la deuxième ligne sur le test de grossesse c’est probablement comme chez une Française : des larmes de joie, un WOW de choc, un cri plus ou moins fort…
Mais sa deuxième réaction est très différente : la Néerlandaise réserve sa kraamzorg. La kraam quoi ???
T’inquiète. Je t’explique tout de suite ce que c’est et aussi pourquoi les Pays-Bas sont un pays ingénieux et visionnaire en matière de maternité.
Il y a quelques jours j’ai eu l’immense joie d’échanger avec Delphine Petit-Postma, kraamzorg française à Amsterdam. Elle m’a expliqué en quoi consiste son métier unique au monde, n’existant qu’aux Pays-Bas.
Après avoir validé un diplôme d’état BAC+3 basant sur des connaissances médicales, sociales, psychologiques, la kraamzorg est prête à accompagner les jeunes mères et couples dans les premiers pas de la parentalité. Soit elle est déjà présente à l’accouchement à domicile (13% des accouchements néerlandais en 2020) en compagnie de la sage-femme, soit elle rejoint la nouvelle famille à leur domicile quelques heures après la naissance. En effet, les Néerlandaises après un accouchement sans complications, ne restent que quelques heures à l’hôpital.
C’est à ce moment-là que la kraamzorg arrive et passe les premiers 8-10 jours en compagnie de la famille. Elle assure un suivi de santé pour la maman et le bébé. Elle vérifie les constantes, elle pèse le bébé, mais en cas de complication détectée, elle se réfère à la sage-femme ou au médecin. La sage-femme fait également 2-3 visites post-natales pendant cette première semaine et c’est elle qui a la responsabilité médicale de la maman et du bébé. Comme le dit Delphine, la kraamzorg est les yeux et les oreilles de la sage-femme pendant ces quelques jours. Son rôle ne s’arrête pas à cette surveillance médicale. Elle aide la famille à organiser leur nouvelle vie. Elle accompagne la mise en place de l’allaitement, les soins du bébé, les différents gestes à apprendre. Elle écoute la maman, son récit d’accouchement, ses doutes, ses joies et elle la rassure dans ses premières actions maternelles. Elle assure également l’intendance. Elle fait en sorte que le foyer fonctionne de manière optimale tout en laissant les nouveaux parents s’occuper de leur bébé. Elle leur fait à manger, donne un coup de main dans les tâches ménagères, crée une ambiance paisible et agréable à la maison.
Si l’accouchement se déroule à domicile, elle seconde la sage-femme et reste plusieurs heures après son départ pour vérifier l’absence de toutes complications. Sinon, elle arrive vers 9h du matin à domicile (soit quelques heures, soit le lendemain après la naissance) et reste 6-8 heures par jour avec la famille. Pendant une semaine, dix jours, elle fait en sorte que la jeune famille prenne confiance en leur capacité parentale.
Qui profite de ces services aux Pays-Bas ? Toutes celles qui veulent. Dans un système de santé un peu différent qu’en France, les assureurs remboursent en partie ou totalement ces prestations. Autant te dire que peu de mamans se privent de cette aide.
C’est un métier de passion qui est assez exigeant car il demande beaucoup de disponibilité. Une kraamzorg peut travailler en tant qu’indépendante ou en tant que salariée dans un « bureau de naissance ». C’est un métier qui mélange des compétences de sage-femme, d’auxiliaire de puériculture, de doula. C’est une profession connue, reconnue, soutenue et encouragée par l’Etat néerlandais.
Pourquoi je pense que les Pays-Bas sont un pays ingénieux et visionnaire en matière de maternité ? Et, par conséquent, en matière de santé physique et mentale de ses citoyens ? Car ce pays se montre présent à un moment clé, à une étape de vie qui, si elle se passe bien, permet de démarrer sereinement la vie de famille, c’est-à-dire la base de notre société. Les Pays-Bas sont conscients de l’importance de ce « fameux village » dont tous les parents ont besoin après la naissance d’un bébé. Les mamans, les couples ne sont pas abandonnés, laissés seuls à se débrouiller avec les moyens du bord. Ils sont aidés, accompagnés, soutenus. Ils connaissent moins de stress postnataux que les parents français.
Est-ce que c’est uniquement un acte de générosité de la part des Pays-Bas ? Ce n’est pas sûr. Je pense que ce pays a compris que c’est dans son intérêt. Des mamans et des papas équilibrés, physiquement et mentalement sains, protégés du surmenage, de la dépression, du burn-out sont un enjeu économique et social majeur.
Est-ce que cette organisation est trop chère dans un budget d’Etat ? A vrai dire, je ne sais pas. Ce serait intéressant de comparer les coûts des lits de maternités, des soins postnataux à l’hôpital, des conséquences des dépressions post-partum avec le coût des services des kraamzorgs. J’ai quand même ma petite idée.
Alors à quand les kraamzorgs en France ? Bon, mais dans un premier temps, il faudra quand même trouver un titre qui soit plus sexy en français…
Si tu veux avoir plus d’infos, je t’invite à suivre le compte Instagram de Delphine et écouter ses podcasts riches et attachants.
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