Imagine la scène suivante : tu vas dans un restaurant. On t’installe pas loin de la table d’une famille. Papa, Maman, deux enfants, dont un bébé aux alentours d’un an. La famille est servie. Et là, tu te rends compte que toute la famille a eu un bon petit repas bien sympathique, sauf le bébé, à qui on a juste commandé une grosse assiette de frites. Le tout petit se jette dessus.
La maman n’a pas amené une bonne purée fait maison. Elle n’a même pas un pot acheté dans le commerce. Vu le choix du restaurant, elle aurait pu commander des haricots verts ou une soupe. Mais non, visiblement le repas de ce bébé d’un an sera une assiette de frites.
Des réactions ? Tu sais où je veux en venir ? Elle n’avait peut-être pas le temps pour cuisiner, ça arrive à tout le monde etc. Mais bon, quand même !
Eh bah, figure-toi que cette maman-là, c’était moi il y a deux ans et demie. Et je ne regrette absolument pas ce choix dans ce restaurant ce jour-là. Par contre je n’étais pas du tout à l’aise. Je te raconte pourquoi.
Notre famille était au bout du rouleau. Même si c’était pour la bonne cause, nous avons dû subir beaucoup de changements en très peu de temps. Mais le pire était que depuis la naissance de LittleBro (c’est-à-dire depuis 1 an) nous nous battions pour sa santé. Je passe les détails, mais il était clair qu’il était allergique. Sauf que nous ne connaissions pas exactement les causes, et encore moins les solutions à ce moment-là. Au point qu’après 6 mois de diversification, j’ai décidé de tout recommencer. J’ai arrêté de lui donner tous les aliments qu’il consommait jusque là et je faisais comme avec un bébé de 6 mois. En gros, au début il ne mangeait que du riz avec du brocoli. Pauvre chou… (sans jeu de mot…) ! Puis j’ai introduit les pommes de terre.
Mais ce jour-là, il fallait absolument que la famille prenne l’air, que nous changions d’environnement et nous avons décidé de faire ce restaurant. Je savais que mon fils adorait les frites et qu’elles ne lui faisaient pas mal. Qu’est-ce qu’il se régalait !!! Enfin, je l’ai vu manger de nouveau avec plaisir. Mon cœur de maman était rempli de gratitude, et en même temps je ne me sentais pas bien. J’avais très peur d’être jugée… par la serveuse, par cette maman à la table d’à côté, par tous ceux qui voyaient la scène. Mère indigne, mère inconsciente !
Ce jour-là, j’ai compris quelque chose. Il faut maintenant vraiment arrêter de juger les autres. J’ai compris que derrière chaque scène, il y avait une histoire. Une maman qui crie sur son enfant dans la rue, c’est peut-être une maman qui a eu très peur car son enfant « tête en l’air » a failli se faire écraser par une voiture. Une maman qui a les yeux collés sur son portable, c’est peut-être une maman qui attend des résultats médicaux de haute importance. Une maman qui laisse son enfant regarder la télé de « trop », c’est peut-être une maman qui a besoin de respirer pour ne pas s’effondrer complètement.
Je sais que je ne vois que des morceaux de vie et je ne peux pas imaginer tout ce qui se cache derrière : un passé, une éducation, des références, des situations de vie, des difficultés inimaginables. Je suppose tout simplement qu’une mère veut faire de son mieux avec son enfant et qu’elle le fait avec ses moyens. Je ne comprends pas toujours les choix des unes et des autres. Mais je m’efforce de les accepter avec indulgence et bienveillance.
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